Pendant toute cette dernière semaine de 2020, Bande de Films s’engage à vous proposer un aperçu de ce qui sortira au long de l’année 2021. D’abord pour informer sur les nombreuses sorties, mais aussi en espérant vous donner envie d’aller dans les salles obscures lorsqu’elles seront ouvertes à nouveau. Chaque jour, retrouvez un kaléidoscope de l’ensemble des sorties des mois abordés, suivi d’un point par les rédacteur-rice-s volontaires sur ce qui les intéresse le plus. Et nous commençons tout de suite cette série d’articles par les mois de Janvier et de Février !
La fermeture des salles, accompagnée d’un mépris considérable pour celles-ci de la part du gouvernement et doublée d’une fausse promesse considérant les acteurs et actrices de la vie culturelle comme non-essentiel-le-s, a entraînée une série de reports, de carrières stoppées et de sorties indéterminées (leurs dates, mais aussi leurs lieux : salles de cinéma ou plateformes ?). En guise d’introduction, on va tout d’abord vous rappeler certaines d’entre elles afin qu’elles ne soient pas oubliées dans l’avalanche de sorties qui arrivera par la suite.
Il y a deux films coups de cœur pour la rédaction de Bande de Films : la critique sociale fantaisiste d’Albert Dupontel, Adieu Les Cons, au démarrage exceptionnel (+ de 600 000 entrées en une semaine) et qui propose un cinéma français populaire, audacieux et de qualité. Puis, Drunk, chronique douce-amère sur quatre amis professeurs qui s’abandonnent à l’alcool, réalisé par Thomas Vinterberg avec l’une des meilleures performances de l’année : celle de Mads Mikkelsen.
Le cinéma français faisait aussi l’actualité le 28 octobre, avec la sortie de productions événements : ADN, le nouveau film de Maïwenn, et Garçon Chiffon, le premier film du génial Nicolas Maury. Deux films sur des personnages déboussolés, en quête d’identité et de leur place dans le monde.
En cette fin d’année, avec la réouverture des salles initialement prévue le 15 décembre, plusieurs films promettaient de faire l’évènement. On pense notamment au Wonder Woman 1984 de Patty Jenkins, blockbuster de la Warner aux multiples polémiques (sa diffusion sur HBO Max laissant place au piratage, des soupçons de racisme au sein de l’action du film) qui était censé attirer les familles pour les grandes vacances. Autre film attendu de la part de Warner, la nouvelle adaptation de Sacrées Sorcières où la technique de Robert Zemeckis succède au génial baroque de Nicolas Roeg, qui avait signé une adaptation dans les années 90 avec l’aide de Jim Henson. Cette fois-ci, on retrouve Anne Hathaway dans le rôle en méchante sorcière, Stanley Tucci en patron d’hôtel et Octavia Spencer en grand-mère aidant les enfants victimes de sorcellerie.
Le fantastique surréaliste s’invite aussi dans deux productions françaises (très) attendues : La Nuée de Just Philippot, un drame social où l’horreur s’invite dans le champ agricole via sauterelles (sortie reportée au 13 janvier), et Mandibules où un autre insecte, plus grand cette fois-ci, bouleverse la vie de Dumb and Dumber interprétés par le duo du Palmashow devant la caméra de Quentin Dupieux
On pense aussi à deux productions japonaises : le passage au grand écran de Violet Evergarden ainsi que du film Little Zombies, drame musical sur des orphelins formant un groupe de rock;
Nous espérons retrouver toutes ces œuvres lors de la réouverture des salles de cinéma, aux côtés des sorties qui arriveront au début de l’année prochaine.
Janvier
La semaine du 06 janvier semble être définitivement compromise, en raison de la décision du gouvernement à revenir sur la fermeture des salles le 07 janvier (date qui ne garantit pas une possible réouverture, rappelons-le hélas…). Néanmoins, de nombreux films étaient censés sortir à ce moment-là, il est normal de les évoquer.
Autant vous le dire, nous risquions de commencer l’année en larmes avec la sortie de trois drames français. Passion Simple, adaptation du livre autobiographique d’Annie Ernaux sur l’obsession amoureuse par Danielle Arbid, avec Laetitia Dosch et Sergei Polunin. Quant au film de Lucas Belvaux, Des Hommes, il s’intéresse lui au traumatisme de soldats français de la guerre d’Algérie. On retrouve Gérard Depardieu, Catherine Frot et Jean-Pierre Darroussin au casting. Puis, on aurait pu découvrir le face-à-face entre Niels Arestrup et Patrick Bruel dans Villa Caprice. La politique internationale s’invite aussi dans les salles avec d’abord la sortie prévue de 17 Blocks, documentaire racontant la vie d’une famille dans l’un des quartiers les plus dangereux des États-Unis, à 17 pâtés de maison du Capitole, sur deux décennies. Puis, Balloon, drame sur la politique de l’enfant unique en Chine.
Le 13 janvier, on pourra aussi suivre Pierre Deladonchamps en serial-killer dans Vaurien, le drame amoureux filmé par Benoît Jacquot qu’est Suzanna Andler avec Charlotte Gainsbourg et Niels Schneider, les frères Podalydès contre la start-up nation dans Les Deux Alfred, Michèle Laroque et Stéphane De Groodt qui voient leurs enfants revivre chez eux dans Chacun chez soi, et Margaret Qualley qui devient l’assistante de J.D. Salinger (Sigourney Weaver) dans Mon année à New York.
La semaine suivante, le 20 janvier, un film d’horreur au concept fort alléchant et qui pourrait attirer les jeunes spectateur-rice-s : Freaky de Christopher Landon. Le fils de Charles Ingalls (oui, oui, Michael Landon) avait déjà offert une vision pop, acidulée et sanguinolente du slasher high-concept avec les Happy Birthdead. Ici, il continue sur sa lancée avec un film qui mélange le slasher et le genre du body-swap, dans lequel une adolescente jouée par Kathryn Newton échange de corps avec celui d’un tueur en série incarné par Vince Vaughn. Auréolé d’excellentes critiques outre-atlantique, Freaky pourrait être le premier bonbon acide qui ramènera les foules au cinéma.
Le même jour, l’on verra Riz Ahmed en batteur d’un groupe de rock atteint de surdité dans Sound of Metal, premier film du nouveau distributeur Tandem. Vincent Macaigne sera embarqué dans une spirale nocturne infernale dans Médecin de Nuit et vous pourrez redécouvrir l’un des chefs d’œuvres du cinéma soviétique : Soy Cuba et ses incroyables prouesses techniques.
Le 27 janvier, dernier mercredi du mois, Zita Hanrot mènera l’enquête sur des incidents industriels dans Rouge, Denzel Washington et Rami Malek enquêteront aussi, mais sur un tueur en série cette fois, dans Une affaire de détails de John Lee Hancock. On retrouvera aussi la seconde famille préhistorique animée la plus célèbre après Les Pierrafeu, les Croods. Et enfin, le mois se terminera sur deux drames français sur le couple : Amants de Nicole Garcia, avec Pierre Niney et Stacy Martin, puis Les Cobayes d’Emmanuel Poulain-Arnaud avec Thomas Ngijol et Judith Chemla.
Février
Le 3 février, on ne va pas sortir son paquet de pop-corn mais bien un cornet de frites : la famille Tuche revient fêter Noël (en retard) avec un pitch prometteur : Jeff Tuche contre Jeff Bezos. Michel Blanc et François Berléand débarquent à Bouzolles, Isabelle Nanty jouera deux personnages et le public français sera content de retrouver la famille préférée de la comédie française.
Les cinéastes Mohammad Rasoulof (Un homme intègre) et Roy Andersson (Un oiseau perché sur une branche philosophait sur l’existence…) reviendront avec, respectivement, Le Diable n’existe pas et Pour l’éternité. Et le même jour sortira aussi Ibrahim, le portrait d’un adolescent partagé entre son père et un pote de lycée. Film qui a la particularité d’être le premier long-métrage de Samir Guesmi, génial second couteau du cinéma français.
Un autre comédien, de la Comédie Française cette fois, fera ses débuts à la réalisation. C’est Laurent Lafitte qui, la semaine suivante donc le 10 février, déboulera avec L’Origine du monde. Comédie qui semble aussi absurde que féroce avec son pitch improbable : un homme doit prendre en photo le sexe de sa mère s’il veut que son coeur batte à nouveau. Deux autres comédies françaises sortiront le même jour : C’est la vie de Julien Rambaldi et Les Méchants, première réalisation de Mouloud Achour. Le même jour, on retrouvera Pierre Lapin dans de nouvelles aventures avec Pierre Lapin 2 : Panique en ville, Wilfried Tuche (Pierre Lottin, en réalité) dans La Bataille du rail, et surtout le chef d’oeuvre In the Mood for Love de Wong Kar-Wai qui se voit doté d’une sortie restaurée.
La semaine suivante, un événement qui a déjà été vu par un membre de la rédaction : Aline de Valérie Lemercier. Projet ambitieux de cette dernière qui retrace avec humour et (beaucoup) de respect la vie de la chanteuse Céline Dion. Biopic poignant, punchy et fort qui risque de faire un carton en salles. En même temps à l’affiche sera Promising Young Woman, sensation outre-atlantique dans laquelle Carey Mulligan fait justice elle-même face aux hommes aux comportements problématiques, Milla, teen-movie de Shannon Murphy avec Eliza Scanlen et Ben Mendelsohn (coup de coeur du Jury au Festival de 2 Cinéma de Valenciennes l’année dernière). Aussi, deux films d’animations raviront petits et grands ce jour-là : la nouvelle version de Tom et Jerry de Tim Story et Aya et la sorcière de Goro Miyazaki.
Pour la dernière semaine, il y en aura pour tous les goûts. La nouvelle collaboration entre Jean-Pierre Améris et Benoît Poelvoorde dans Profession du père, le Lion d’Or Nomadland qui signe le retour de la géniale Chloé Zhao derrière la caméra (que l’on reverra plus tard dans l’année, si tout va bien), True Mothers, un drame familial signé Naomi Kawase et Pourris gâtés qui, pour vous donner une idée absurde, donne l’impression d’être Succession version comédie française TF1 avec Gérard Jugnot et Artus. Voilà, voilà.
Ces deux premiers mois présagent une inauguration en fanfare de l’année 2021, et promettent autant de diversité que de surprises…
L’attente de Victor :
Une Affaire de détails. Évidemment que Nomadland, Promising Young Woman, Freaky ou True Mothers intéressent ma vie de cinéphile. Mais Une Affaire de détails attire ma curiosité sur plusieurs points. Tout d’abord, c’est un film de John Lee Hancock. Réalisateur modeste, si modeste au point qu’il puisse paraître classique à certains moments, mais qui a cette fougue de ressusciter un cinéma Hollywoodien avec un grand H. Un cinéma au casting remarquable, qui s’applique à raconter en toute simplicité de grandes histoires. Le Fondateur, son film sur la création du McDonald’s, s’avère redoutable dans sa manière de hacker le mythe du self-made man. Avec Une Affaire de détails, on risque de retrouver ce thriller old-school, captivant et classique sur la traque d’un tueur-en-série. Avec Denzel Washington, qui rappelle par exemple un film comme Bone Collector. Donc pourquoi pas ? Ça fait aussi du bien de se caler devant un grand écran pour un simple thriller prestigieux.
L’attente de Jade :
Il y a un an déjà sortait la première bande annonce de Promising Young Woman d’Emerald Fennell, et je n’ai pas arrêté d’y penser depuis. Carey Mulligan qui utilise et retourne à son avantage la misogynie des hommes pour se venger d’abus et d’abuseurs, et par conséquent rendre justice à des milliers d’autres ? Je suis déjà en train de camper devant la salle de cinéma. Et les retours critiques qui commencent à apparaître outre-atlantique ne font que nourrir encore plus la flamme que j’entretiens pour ce film depuis si longtemps. Mais dire que c’est ma seule, ou ma plus grosse, attente de ce début d’année serait un mensonge éhonté. Ce n’est même plus une flamme que j’ai dans mon coeur mais bien un feu de forêt d’excitation et d’espoir qui grandit depuis des années pour un film qui ne parlera peut-être pas à tout le monde en France : Evangelion 3.0+1.0 Thrice Upon A Time, le quatrième opus de la série de films Rebuild of Evangelion. Bien sûr, il n’est annoncé qu’au Japon pour l’instant, et risque de prendre un moment avant d’être sur nos écrans français (si tant est qu’il arrive jusqu’à chez nous). Sinon, je garde les yeux rivés sur un écran plus petit, mais je n’en dirais pas plus.
On se retrouve demain pour les sorties prévues aux mois de Mars et Avril !