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Benedetta, la critique du film

Pas peu fier d’enflammer la grande messe du cinéma international qu’est le Festival de Cannes, le réalisateur Paul Verhoeven s’attaque à l’institution catholique dans Benedetta, brûlot politique et féministe racontant à l’écran la vie de Soeur Benedetta, incarnée par Virginie Efira.

Deuxième incursion dans le cinéma français après Elle, en 2016, Verhoeven pénètre cette fois-ci dans la tradition du film historique français pour y distiller sa patte de sale gosse grossier mais surdoué. En adaptant à l’écran le roman de Judith C.Brown, Soeur Benedetta, entre sainte et lesbienne, le réalisateur hollandais exulte à nouveau ses obsessions de cinéaste.

Benedetta est un film qui n’a pas peur du sacrilège. Le grotesque, annoncé au départ par un pigeon qui défèque suite à l’invocation de la Vierge et des saltimbanques aux pets enflammés ramenant à Terrence et Philip, marque le poing d’honneur du cinéaste à s’attaquer aux institutions. Après avoir étrillé la bourgeoisie parisienne, le blockbuster américain post-Independance Day et le monde du spectacle, le cinéaste s’attaque frontalement à l’institution catholique. Tour-à-tour un récit d’émancipation où Benedetta prend peu à peu pouvoir de son environnement et de son corps et une inquisition contre le conservatisme, le film de Paul Verhoeven distille les effets grand-guignolesques du cinéaste pour marquer les esprits face à son attaque. Une attaque d’autant plus impressionnante qu’il demeure en phase avec l’actualité. À une période où l’intolérance s’illustre de plus en plus en même temps qu’une pandémie sévit sévèrement, l’invocation du conservatisme sentencieux lors d’une épidémie de peste fait son effet.

Entre l’outrance et le sublime, Benedetta prouve que la force du cinéaste pour nous surprendre demeure toujours intact. D’une drôlerie déconcertante, même si plane souvent une ombre tragique, le nouveau film de Verhoeven condense le meilleur du cinéaste pour un récit guère surprenant quand on le connait mais qui fonctionne toujours dans ses effets. Le cinéaste peut aussi remercier son trio de comédiennes, Virginie Efira, Daphné Patakia et Charlotte Rampling, qui accompagnent triomphalement sa quête non pas de choquer mais d’interpeller.

Benedetta. Réalisé par Paul Verhoeven. Avec Virginie Efira, Daphné Patakia, Charlotte Rampling et Paul Verhoeven. Durée : 2h11.

Author

Victor Van De Kadsye

Victor Van De Kadsye

Créateur du site. Je ne vis que pour des artistes comme Michael Mann, Clint Eastwood, Hou Hsiao-hsien ou bien Kelly Reichardt. Capable de réciter n'importe quel réplique de l'âge d'or des "Simpson".

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