En digérant les recettes de ses influences américaines, Yann Gozlan gagne de plus en plus en assurance et signe, pour son quatrième long-métrage, un thriller haletant avec Boîte noire. Une enquête passionnante où Pierre Niney part à la recherche de “conversations secrètes”.
Le décollage du film nous agrippe au siège. Inauguré par un plan-séquence numérique aux airs de Panic Room, qui nous balade via un travelling arrière du cockpit d’un avion jusqu’à sa boîte noire au moment de son crash, le film bouleverse déjà notre perception et va entretenir un flou sur ce qu’il s’est passé jusqu’à son dernier acte. Celui qui va nous guider jusqu’à cette résolution est un technicien de la BEA (bureau d’enquête et d’analyse) campé par Pierre Niney. Doté d’une écriture technique impressionnante, nous plongeant immédiatement dans un milieu inédit à l’écran, le film balade son personnage dans une ambivalence qui ne le lâchera jamais.
Dans la grande force des thrillers paranoïaques du Nouvel Hollywood, Conversation Secrète était le film-phare des influences de Boîte Noire, le long-métrage de Yann Gozlan entretient un rapport impressionnant entre les faits d’un travail technique méticuleux (le film insistant beaucoup sur les scènes d’écoute), l’analyse pouvant être tirée de ces éléments factuels et une possible tendance à la paranoïa. Cet ensemble crée alors une tension permanente, peu aidé par l’ambivalence avérée des personnages qui nous accompagnent. Nommé comme le personnage qu’il a joué dans Un Homme Idéal, Pierre Niney excelle dans le rôle d’un homme désireux de justice mais qui devra apprendre à ne pas écouter ses premières intuitions pour progresser.
On aurait pu craindre aussi que le film se laisse écraser par les influences visibles, mentionnées précédemment. Gozlan ne copie pas, il réactualise. Les problématiques laissés dans Conversation Secrète ou Les Hommes du Président réapparaissent à l’ère 2.0. Le ton très technique et froid du film correspond alors à des sujets évoqués tels que le piratage et la cybercriminalité.
Boîte noire est alors un thriller contemporain réussi qui malmène son audience et ses personnages (mentionnons aussi André Dussolier et Lou De Laâge) dans une enquête bourrée de fausses pistes.
Boîte noire. Réalisé par Yann Gozlan avec Pierre Niney, Lou de Laâge, André Dussolier. Durée : 2h09