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D’où l’on vient : la critique du film

Tiré d’un musical à succès de Broadway, l’adaptation cinématographique de In The Heights déboule sur nos écrans. Réalisé par Jon M.Chu, qui avait signé Crazy Rich Asians il y a plus de deux ans, D’où l’on vient allie entertainment flamboyant et cinéma politique pour rendre hommage à une société multiculturelle. Quitte à ce que les artifices du genre prennent trop facilement le pas sur les sujets évoqués…

Dès son ouverture, In The Heights donne le ton : pendant près d’une dizaine de minutes, toute la note d’intention nous est exposée à travers le rythme effréné que l’on attribue facilement à Lin-Manuel Miranda, créateur de la pièce. À travers un récit raconté à des enfants, représentants d’une jeunesse à qui est destinée cette histoire pour faire avancer les choses, le quartier de Washington Heights nous est présenté comme le sont les protagonistes et leurs buts dans l’intrigue. Sur un ton entraînant, par des morceaux qui mêlent individualité et vie en communauté, In The Heights fait croiser la flamboyance de la comédie musicale populaire à un récit qui pourrait être ravageur politiquement.

Contrairement à sa forme, D’où l’on vient essaie de partir d’une écriture proche du réel. Sans violence, ni tragédie, le film ne s’attarde pas sur ce genre de conventions propres au genre. Il s’intéresse aux habitants d’un quartier latino-américain victimes d’une politique économique et sociale particulièrement répressive à leur égard. Il sera question de Green Card, de racisme mais surtout de gentrification ; qui sera le moteur des principaux soucis de nos protagonistes. Il faut saluer l’intention de Mirando et Chu à parler de ces sujets de manière aussi clair dans un divertissement destiné à un large public. Malheureusement, trop gourmands dans leurs intentions formelles et musicales, et le traitant aussi à la légère comme en témoigne la polémique du film sur son casting, la politisation du film s’efface petit à petit à grands coups de numéros musicaux précipités.

D’une durée de près de deux heures et demi, In The Heights aurait pu prendre le temps de se consacrer à ses personnages. Enchaînant trop rapidement ses nombreux numéros musicaux, les problématiques auxquelles les protagonistes sont attachés deviennent superficielles et apparaissent trop subitement pour que l’on soit touché. Le film ne devient que brillant quand il s’attarde sur la collectivité du quartier et la politique qui en découle (96 000 et Paciencia y fe sont d’ailleurs les meilleurs chansons du film pour cette raison, comme l’histoire centré sur le personnage de Nina), moins quand il passe son temps sur des romances mièvres qui tendent à alléger la portée sociale du film.

Bien qu’il paraisse trop léger dans ce qu’il raconte (il est recommandable d’explorer le formidable In Jackson Heights de Frederick Wiseman pour en connaître un peu plus sur la vie politique des quartiers multiculturels de New-York), D’où l’on vient est un geste flamboyant dans le cinéma hollywoodien actuel. Ambitieux, populaire et entraînant, il est impossible d’y résister (à condition d’avoir un peu de recul sur la forme).

D’où l’on vient. Réalisé par Jon M. Chu. Avec Anthony Ramos, Leslie Grace, Corey Hawkins, Melissa Barrera, Olga Merediz et Stephanie Beatriz. Durée : 2h23.

Author

Victor Van De Kadsye

Victor Van De Kadsye

Créateur du site. Je ne vis que pour des artistes comme Michael Mann, Clint Eastwood, Hou Hsiao-hsien ou bien Kelly Reichardt. Capable de réciter n'importe quel réplique de l'âge d'or des "Simpson".

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