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WandaVision : trois oeuvres pour prolonger l’expérience

Nouveau rendez-vous sur le site. Une fois par mois, nous vous proposerons plusieurs œuvres qui prolongeront votre expérience d’un objet évènementiel de la pop-culture. Le tout afin de pouvoir approfondir les réflexions autour de celui-ci. Nous commençons aujourd’hui avec WandaVision : la série-évènement du Marvel Cinematic Universe qui, pour son appropriation méta de la série télévisée, ramène aussi bien au Shonen Bat, à Danny Brown qu’à la science-fiction.

  • Paranoia Agent de Satoshi Kon (série d’animation de 13 épisodes x 25 minutes)

Ce qui fait la grandeur de l’œuvre générale de Satoshi Kon, c’est sa faculté à rester intégralement cohérent dans ses thématiques d’auteur tout en restant profondément versatile dans sa manière de transmettre ce qu’il a à dire sur notre monde. Un monde qu’il perçoit essentiellement comme en fuite vers des dédoublements fictifs de ce que nous sommes et sur comment nous vivons en société. Perfect Blue, son premier long-métrage, tourmentait son héroïne (une chanteuse idol qui souhaite devenir actrice) alors persécutée par des regards qui la fantasment de différentes manières. Entre ce film et ce qui sera son dernier (il est décédé en 2010 d’un cancer), Paprika, chef d’oeuvre anticipateur de ce que sera Inception de Christopher Nolan, il saisira l’opportunité du cadre télévisuel pour élargir avec variété ses réflexions sur nos lignes de fuites avec une série culte : Paranoia Agent.

Dans un Japon hyper-connecté, un jeune homme à la batte terrifie la population en assommant différents individus, allant d’une dessinatrice créatrice d’une figure kawaï baptisée Mamori à un jeune garçon sûr de lui et obsédé par l’image qu’il reflète aux autres. Grâce à ce fil rouge, un peu semblable à celui de WandaVision qui va en partie proposer une réappropriation des sitcoms à chaque épisode, Satoshi Kon va alors proposer une réflexion aussi terrifiante que stimulante sur notre capacité à fuir très rapidement la réalité et ses problèmes. Le tout en partant du fait qu’aucun épisode ne doit ressembler à un autre, pouvant partir vers de véritables sommets d’horreur (la Palme allant vers un épisode méta qui raconte la production désastreuse d’un épisode d’une série basée sur la figure de Mamori).

C’est une grande série méconnue, déconcertante et pas facile d’accès, certes, mais qui mérite d’être (re)découverte. Surtout aujourd’hui.

  • Ain’t it funny, clip réalisé par Jonah Hill pour Danny Brown

La sitcom, format de série pastiché dans WandaVision avec ses codes formatés mais évoluants au fil des époques, est un genre que l’on peut se réapproprier très facilement. Les rires enregistrés du public, une imagerie proprette dans un cadre familial bien normé et des situations comiques souvent introduites par des entrées ou sorties de porte, c’est un genre facilement identifiable et parodiable. Et ce n’est pas Jonah Hill qui dira le contraire.

L’artiste, comédien et réalisateur, a ainsi réalisé un clip pour le rappeur Danny Brown. En trois minutes et trente-sept minutes, il retourne ces codes pour interpeller sur notre capacité à considérer comme divertissante le mal-être d’artistes. Ainsi, des choses aussi graves que le suicide, l’overdose ou la dépression apparaissent comme grotesques à l’écran, balayées par les effets d’un divertissement aussi populaire qu’une sitcom pour dénoncer la façon dont on peut considérer ces troubles comme futiles. C’est agressif, clair et brillant.

  • Galaxy Quest de Dean Parisot

Et si la pop-culture pouvait vraiment être prise au sérieux, au point que des vies peuvent en dépendre ? C’est ce que l’on voit dans WandaVision, avec cette réalité alternative créée de toutes pièces, mais c’est ce qu’imagine Dean Parisot dans cet hommage émouvant à la mythologie fondée par Star Trek. On y suit l’équipe d’une série sci-fi un peu sur le déclin ,nommée Galaxy Quest, alors appelée à l’aide par des extra-terrestres venus d’une autre planète, persuadés que ces acteurs sont bien les héros qu’ils interprètent à l’écran.

Bien loin d’un exercice de parodie (les trekkies pouvant être une cible facile aux moqueries), Galaxy Quest est un film qui non seulement interroge notre rapport à la pop-culture mais va préférer embrasser cette culture et saluer l’investissement des acteur-rice-s la fabriquant ainsi que celui de leurs fans (à ce propos, coeur sur Sam Rockwell et Justin Long).

Author

Victor Van De Kadsye

Victor Van De Kadsye

Créateur du site. Je ne vis que pour des artistes comme Michael Mann, Clint Eastwood, Hou Hsiao-hsien ou bien Kelly Reichardt. Capable de réciter n'importe quel réplique de l'âge d'or des "Simpson".

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