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Wendy : la critique du film

Que devenait Benh Zeitlin ? C’était la question que les cinéphiles ayant vu Les Bêtes du Sud Sauvage se sont posés pendant près de neuf ans. Durant cette période, ce cinéaste prometteur a pris le temps de faire naître un projet d’une ambition folle : réinventer l’histoire de Peter Pan. Cela donne l’impressionnant Wendy, récit à la démesure aussi merveilleuse que gourmande. Un retour sublime au pays imaginaire.

Il n’est guère étonnant de voir le cinéaste s’attaquer à un tel mythe. Son premier coup d’éclat, Les Bêtes du Sud Sauvage, y explorait l’imaginaire culturel d’une enfant à un réel plus rude. Une exploration fantasmée d’un contexte socio-culturelle, qui nous laissait songeur à l’idée d’avoir un Terrence Malick lié à l’enfance. Un rêve devenu réalité puisque Zeitlin semble bien destiné à marcher sur les traces du réalisateur de La Balade Sauvage.

Après tout, difficile de ne pas y penser. Les personnages coexistent harmonieusement avec la nature qu’ils contemplent ; une voix-off introspective qui réfléchit, doute à chaque instant ; un lyrisme à couper le souffle. Tout le manuel du Petit Malick illustré est là. Mais il serait injuste de ne voir que l’ombre du cinéaste texan planer sous l’ombre du cinéaste. De cette influence découle chez Zeitlin une singularité somptueuse sur la relation nouée entre l’enfance et l’imaginaire.

Se poursuivant dans la tendance post-moderne à remodeler des mythes, Wendy s’attarde sur le cas Peter Pan, l’enfant qui ne voulait jamais grandir. C’est de cette affirmation que le film va partir pour un récit bouleversant sur le fait de grandir. Le film explore les récits internes d’enfants pour qui grandir est une crainte infinie. La peur de rester vivre au même endroit pour toujours, de suivre la carrière de ses parents et surtout de voir son corps vieillir. Des éléments qui vont amener certains de nos jeunes héros à se perdre dans l’île imaginaire, réinventée de façon hyper-réaliste. Un hyper-réalisme sec mais non dénué de lyrisme, pour ne pas perdre petits et grands malgré une durée trop longue. Mais on pardonne cet écart pour la beauté sidérante des plans et de ce que le film a sur le cœur.

Wendy est un conte réinventé époustouflant, qui nous fait grandir tout en conservant notre âme d’enfant. Une nouvelle preuve que le cinéma américain a encore des choses à explorer dans ses mythes.

Wendy. Réalisé par Benh Zeitlin. Avec Devin France, Yashua Mack, Gage Naquin et Gave Naquin. Durée : 1h52.

Author

Victor Van De Kadsye

Victor Van De Kadsye

Créateur du site. Je ne vis que pour des artistes comme Michael Mann, Clint Eastwood, Hou Hsiao-hsien ou bien Kelly Reichardt. Capable de réciter n'importe quel réplique de l'âge d'or des "Simpson".

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